Mesdames, Messieurs,

Le bassin de la Dordogne est formidable !

C'est d'abord une rivière emblématique, parmi les plus belles d'Europe, qui prend naissance dans les volcans d'Auvergne et qui rejoint l'océan Atlantique par le plus grand estuaire d'Europe. Tout au long de ses 475 km, la rivière Dordogne traverse six départements (le Puy-de-Dôme, le Cantal, la Corrèze, le Lot, la Dordogne et la Gironde) et quatre régions (Auvergne, Limousin, Midi-Pyrénées et Aquitaine).

C'est une vallée dont la réputation internationale n'est plus à faire et dont l'organisation générale est joliment décrite par la métaphore du « sourire de la France ».

C'est un bassin de 24 000 km² remarquable par la qualité de son patrimoine naturel et culturel. Il est le fruit d'une présence millénaire des hommes qui sont à la fois bénéficiaires et gestionnaires des ressources naturelles qu'il fournit notamment à travers plus de 20 000 kilomètres de cours d'eau.

Ce territoire nous l'aimons et nous nous en préoccupons depuis toujours. Et votre présence nombreuse aujourd'hui en témoigne.

Vous venez de tout le bassin versant de la Dordogne et vous représentez une diversité d'usages et d'acteurs de la gestion des rivières. C'est un gage de réussite pour ces états généraux.

Mais il y a parmi nous des personnes qui viennent d'encore plus loin. Je salue la présence d'une délégation d’espagnols de la province de Navarre avec lesquels nous travaillons sur la pédagogie de l'eau dans le cadre du projet européen COMENIUS REGIO. Il y a aussi parmi nous quelques Québécois qui confirment les liens étroits que nous continuons entretenir avec la belle province et ses rivières. Je vous rappelle notamment que la rivière Dordogne est jumelée avec la Jacques Cartier.

 

Les états généraux du bassin de la Dordogne arrivent au moment où, au niveau national, on met en avant la nécessité d'une gouvernance environnementale.

Et, sans fausse modestie, force est de constater que le bassin de la Dordogne est aussi formidable par l'exemplarité et la vigueur du dialogue territorial qui le traverse depuis 20 ans.

En effet, les états généraux qui nous réunissent aujourd'hui, s'inscrivent dans une démarche qui a démarré à Bergerac en 1992 avec le sommet vallée Dordogne et qui s'est poursuivie en 2002 avec les états généraux de Libourne.

À ce stade, je voudrais saluer la démarche volontariste des collectivités territoriales qui se sont associées en 1991 pour créer EPIDOR dont les efforts constants ont permis de maintenir vivant ce dialogue au travers d'études et de programmes de gestion et d'animation menés sur tout le bassin de la Dordogne.

Aujourd'hui, nous célébrons aussi les 20 ans d'EPIDOR qui, au-delà de son utilité en matière de gouvernance environnementale, est aussi un observateur vigilant des rivières et des milieux aquatiques et qui sait aussi tirer la sonnette d'alarme, lorsque cela est nécessaire.

 

Au cours des débats, nous verrons que de nombreuses actions ont été menées en faveur de la préservation du patrimoine fluvial du bassin de la Dordogne, par l'État, par les collectivités, par les agriculteurs et par l'ensemble des acteurs socio-économiques du bassin de la Dordogne.

Cependant, nombreux parmi vous et moi aussi, constatent une lente érosion des milieux aquatiques et de leur biodiversité. Moins de poissons migrateurs, moins de zones humides… Cette évolution va de pair avec une augmentation des problèmes : plus de risque d'inondation ou de pollutions.

Cette tendance n'est pas propre bassin versant de la Dordogne mais ça n'est pas une raison pour s'en satisfaire.

Si nous sommes réunis aujourd'hui et demain dans ces états généraux du bassin de la Dordogne, c'est pour tenter de trouver ensemble un chemin qui nous permette de valoriser le bassin de la Dordogne en créant un environnement favorable au maintien des activités tout en préservant l'environnement. Et ce chemin nous devons le trouver à travers les difficultés que nous impose un contexte qui dépasse l'échelle régionale : politique agricole commune, politique énergétique, évolution démographique, crise économique, réchauffement climatique…

Des marges de manœuvre existent.

J'en veux pour preuve le classement par l'Unesco du bassin de la Dordogne au réseau mondial des réserves de biosphère.

Avec ce classement nous rejoignons le groupe restreint des sites qui ont réussi à concilier conservation de la biodiversité, valorisation culturelle et développement économique et social.

En tant que Président de l’établissement public EPIDOR, je suis aujourd’hui particulièrement heureux et fier de l’obtention de ce label car le bassin de la Dordogne devient ainsi la plus grande Réserve mondiale de biosphère de France (24 000km2) et la première au monde construite autour d'un bassin versant et de son réseau hydrographique.

Comme le souligne l’UNESCO dans sa décision, ce résultat est avant tout le fruit des processus de communication et de coordination de grande ampleur mis en place par EPIDOR, avec une forte participation des communautés locales et des décideurs.

Avec ce classement nous démontrons qu’ensemble nous sommes plus forts.

 

Alors, pendant ces états généraux, j'invite chacun d'entre vous à s'exprimer et à respecter toutes les contributions. C'est comme ça que nous pouvons espérer trouver des solutions pour le futur qui nous permettent de continuer à nous développer tout en vivant dans un environnement préservé.

C'est un enjeu important et même un défi. En effet, la rivière évolue, les usages de l'eau aussi ; notre exigence environnementale augmente en même temps que des problèmes nouveaux surgissent.

Il me reste à formuler le souhait d'états généraux passionnés et productifs.

 

 

 

Bernard CAZEAU

Sénateur de la Dordogne, Président du Conseil général, Président d'EPIDOR.

Discours d'ouverture des deuxièmes Etats généraux de la Dordogne.